Des humains ? : Nous avons eu nos différends, ils ont voulu prendre ma liberté et je l'ai reprise. Tant qu'ils ne vont pas contre mes intérêts il n'y aura aucun problème.

Des goules ? : J'ai toujours été contre asservir qui que ce soit, pourquoi le ferais-je maintenant.

De la Camarilla ? : Ils se prennent pour les gentils et les plus civilisés, un peu comme les Européens qui m'ont réduit en esclavage, jamais je n'accepterai leur domination et encore moins leur idéologie de l'âge et du statut.

Du Sabbat ? : Soit disant opposé au joug des Anciens .... Quel est l'intérêt de quitter une hiérarchie pour en retrouver une autre ? Et je ne parle même pas de leur méthodes.

Des Anarchs ? : C'est à la fois ma nouvelle Famille et ma cause, je me bats pour eux. J'ai obtenu ma liberté, et maintenant je vais combattre pour obtenir la leur.

Des Aubains ? : A part quelques Ravnos, je n'en ai connu que très peu, et je n'en retire pas une meilleure impression que les autres sectes.

Des Sangs-Clairs ? : Ils sont haïs et craints, je les accepte sans problème si tel est leurs souhait. J'ai vu trop de fois les simples esprits s'attaquer à ce qu'ils ne comprennent pas.

Déjà le milieu de la nuit, le ciel est magnifique, aucun nuage et la pleine lune qui illumine les eaux noires de Seattle. Je suis pensive, sur mon yacht, je me promène sur le quai et m'avance sur un des rebords, je regarde ces eaux sombres comme celle de ma terre natale.

J'y vois mon reflet, ma peau noire, semblable à de l'ébène, mes traits fins qui ravissent les hommes et font des femmes jalouses, ma taille est fine, mes seins corrects, j'aurais préféré avoir les formes de ma mère. Mais il semblerait que maintenant la mode se porte sur les femmes minces, j'ai du mal à comprendre, j'imagine que c'est du à des cultures différentes.

Mes longs cheveux sont encore plus noirs que ma peau presque autant que mes yeux perçants, je porte encore les marques rituelles de ma foi, de mon peuple sur mes joues. Mais je sais que c'était mon apparence, ce n'est plus le cas à présent.

J'enlève mon masque d'ombre, mon don de dissimulation, je suis presque identique en fait, si ce n'est que je suis recouverte sur certains endroits d'écailles, et que je possède une paire de branchies semblables à celles d'un requin. Trois fois j'ai perdu contrôle, trois fois j'en ai payé les conséquences, l'Océan m'appelle il faut croire, après tout je suis Yemoja.  

Je suis dans les eaux profondes d'un lac sauvage, mes cheveux créent des filaments sombre au dessus de moi. Je m'enfonce, la lumière de la lune disparait, les ténèbres sont là. Cela fait longtemps que je n'avais pas médité, je suis dans une crise.

J'ai failli tuer un humain sous un accès de rage, j'ai perdu le contrôle de la Bête, et celle ci m'a offerte une paire de branchies en retour. Ce n'est pas tant de tuer un humain, c'est surtout de le faire alors que je n'en avais pas besoin, ma survie n'en dépendait pas. Non ce n'est pas ça. C'est de perdre ma volonté propre, de ne plus être maître de mes actes.

Je fais parti de la Nature, je suis en accord avec Elle, j'ai ma place et les autres créatures aussi, je suis un prédateur, je dois vivre selon ces règles, tuer pour la survie, et pour se nourrir ... Non si je peux l'éviter, je ne dois pas tuer, cela n'a pas de sens.

Depuis combien de temps, est-ce que je suis une créature de la Nuit ? 200 ans ? 250 ans ? Déjà. J'ai déjà obtenu et conservé ce qui était le plus précieux pour moi, que dois-je faire ? Errer pendant l'éternité, sans but ? Devrais-je rejoindre Zephyr, il a dit qu'il voulait de l'aide pour son mouvement. Les Anarchs.

Zephyr est peut être le seul Semblable que je considère comme un proche, malgré nos caractères opposés. Que dois-je faire ? Peut-être est-ce là mon but, je vais les aider à obtenir le plus beau des trésors : la liberté. Je vais rester encore ici quelques heures, je me déplacerai vers l'Ouest ensuite.

Yemoja sortait des eaux profondes du lac, tandis que Zephyr lui tendait une couverture pour qu'elle se sèche, non pas qu'elle risquait de tomber malade.

Merci Zephyr.

Tu veux que je te raconte une histoire ? ... Une histoire sur quoi ? Ma vie ? Toute ma vie ? Une chronologie complète ? Tu es bizarre parfois ... Je ne sais pas si ...

D'accord ! D'accord ! Mais ne t'attends pas à ce que je sois une conteuse de talent ...

Par où commencer ...

Je suis née en 1625, dans le Royaume D'Onitscha .... Quoi ? Ah ... une région du Nigéria, près de l'océan. Je suis née Yoruba .... Quoi ? C'est le nom de mon peuple ... Oui Yo-ru-ba .... Tu peux me laisser finir ? Merci.

Je disais donc ... je suis née en tant que Yoruba, ma naissance se fit au bord de l'eau, d'où mon nom Yemoja, "la mère dont les enfants sont comme des poissons", c'est une divinité importante pour mon peuple. Un peu comme la déesse de l'eau et la mère de tout être vivant. Non je ne suis pas une réincarnation de la divinité ... Du moins je ne pense pas.

J'étais destinée à devenir une prêtresse pour mon village, mais il semblerait que ce n'était pas ma destinée. Des marchands européens vinrent et capturèrent les villageois, j'étais dans le lot. A ce moment là, j'ai compris le véritable sens de la liberté, je fus une esclave pour la première fois. Je ne revis jamais ma famille d'ailleurs, nous fumes séparées sur des bateaux différents, et je ne les ai jamais trouvé pendant leur espérance de vie. C'est triste ? Un peu ...Mais c'est ainsi, mais je les garde toujours en mémoire, eux et mon peuple, grâce aux marques que je porte sur mon corps.  Oui, ce sont des marques rituelles. Quand ? Ah oui, j'avais 14 ans.

Pendant quelques mois, je fus trainé de lieu en lieu sur les côtes d'Afrique pour enfin aller vers le Nouveau Continent, enfin nouveau ... pour les Européens. J'ai connu la misère, et en même temps je découvrais l'étendue de mon élément, de gigantesques étendues d'eau, parfois calme, parfois enragées, parfois sombre, parfois clair. Cela reste un de mes plus beaux souvenirs, malgré le temps que nous passions dans la soute, comme du bétail humain, un bétail dont une partie ne put survivre au périple ...

Cependant, mon destin n'était pas encore scellé, le navire fut attaqué plusieurs fois, plusieurs fois ils réussirent à s'en tirer mais pas la dernière. Lors d'une étape proche des eaux des Caraïbes, un navire pirate accosta, tua l'équipage et prit les biens, et par conséquent les esclaves à bord. Ma liberté changea alors de main, de marchands à celle de hors la loi. Quelque chose s'est produit en moi, je ne pouvais vivre sans ma liberté. Et si elle ne m'était pas offerte, je devais l'obtenir coûte que coûte. Lors d'une escale, pendant que la plupart des rats de mer s'en allaient en ville pour boire et oublier leur misère, je pris mon destin en main, que je vive ou meurt n'avait pas d'importance à ce moment, seul mon choix l'était : me battre pour ma liberté. Je pus me défaire facilement de mes chaînes , ... Comment ? Pendant le voyage j'ai perdu beaucoup de poids alors que j'étais mince, mes poignets et chevilles passaient aisément à travers mes liens, bien que je ne le montrai pas à mes gardes. Lors de cette nuit, j'ai pu assommer l'un des gardes, et balancer un autre par dessus bord. Et les autres ? Je n'ai rien pu faire ... à ce moment ...

Je repris ma liberté, je passais alors quelques semaines dans les alentours de la ville, des villageois me donnèrent de quoi me nourrir, j'en ai pleuré, la nourriture ne m'avait jamais paru aussi bonne. Je tentais de retourner au navire, mais celui ci disparut pour son étape finale. J'étais seule, en terre inconnue, et sans but ... la dépression s'emparait de moi ... j'errais sur les terres intérieures pour trouver un endroit où vivre. Mais l'appel de l'océan fut trop fort, et je revins vite vers la côte, je me fis passer pour un homme. Comment ? Oui un peu comme toi quand tu te fais passer pour une femme. Tu ne me crois pas ? Rappelle toi, j'avais perdu beaucoup de poids et surtout je n'avais pas autant de poitrine à l'époque.
Je me fis donc passer pour un homme, et embarquais sur un navire pirate. Pourquoi pirate ? Il n'y avais que peu de navires marchands et encore moins de navires qui embauchaient. J'ai alors vécu des années dures et dangereuses, mais je reprenais enfin goût à la vie.

Je ne te ferais pas le récit de toutes mes aventures, je n'aurais pas le temps. Une autre fois ? Si tu veux, si tu veux. A mes 34 ans, après un raid fructueux sur un navire espagnole, l'équipage et moi même allions dans une ville pour dépenser ce que nous avions pillés. Non, Zephyr, je n'étais plus travesti, ma poitrine tu sais ... Et mes hanches ...Non je n'ai pas eu de problème, mais ce n'est pas important, laisse moi finir. J'étais sous l'emprise de l'alcool, et je me promenais dans le village, jusqu'à ce que mon destin me rattrappe. Une ombre s'empara de moi, et m'assoma, lorsque je me réveillais j'étais morte. Non Zephyr, je ne suis pas un esprit, c'est une figure de style, je te parle de mon étreinte. Oui mon Sire est comme il est. Laisse moi continuer. Je me réveillais alors en pleine forêt, loin de l'océan, blessée et transformée. Mon Sire approcha, et une colère m'envahit, ce fut ma première frénésie, je comprenais qu'on essayait de m'ôter ma liberté, de manière instinctive, et la Bête fut trop forte. Lorsque que je repris conscience mon Sire avait disparu et des écailles étaient apparues sur mon corps. Non, Zephyr je ne me transforme pas en sirène ... Du moins je ne pense pas, et je ne veux pas le tenter. Oh non.

Je ne rencontrais mon Sire que quelques semaines plus tard, il parait que c'est un test, pour voir si la progéniture est apte à la survie. J'errais dans la forêt, essayant de comprendre ma condition. Il prit soin de m'élever, de m'expliquer les Clans, .... mes dons, ... une éducation à la Gangrel si tu préfères, mais nous étions différents. Il ne comprenait pas mon lien à l'eau, à l'océan ... Nous nous sommes souvent disputés ... Et une nuit, il y eut une dispute plus grave que les autres, il ne voulait pas me libérer, et je ne pouvais rester aussi loin de l'eau. J'ai connu ma seconde frénésie, et pris de court, mon Sire a failli en périr, comprenant le danger il me laissa seule, malgré une éducation assez incomplète. Pour cette fois, la Bête me donnait de nouvelles écailles. Je rejoignis rapidement la côte, m'habituant à ma condition, et je rejoignais une équipe de pirates, et nous écumions les mers, ce fut de belles années. Beaucoup d'aventures ... Non, une autre fois Zephyr. Bon juste une anecdote alors, j'ai rencontré la légendaire pirate Ching Shih, oui celle que tu as rencontrée, c'est une sorte de vampire d'Asie et je la vois souvent quand elle fait du commerce avec la côte Ouest. Elle a un sacré tempérament ... Oui plus que moi Zephyr.

Et la suite, tu la connais, nous nous sommes rencontrés. Et maintenant nous allons vers Seattle, et nous battre pour le mouvement Anarchs.